L’affaire du Libor : le patron de la Banque d’Angleterre en cause.
L banque d’Angleterre uen nouvelle mise en cause dans l’affaire de la manipulation des taux du LIBOR. Des documents fournis à l’un des membres de la commission du Trésor de Westminster sur le scandale ont en effet fait émerger des e-mails potentiellement gênants entre Bob Diamond, l’ex-patron de Barclays, et Paul Tucker, le numéro deux de la Banque d’Angleterre. Alors que ce dernier est suspecté, même s’il s’en défend, d’avoir invité Bob Diamond à sous-estimer les taux de refinancement de Barclays au pic de la crise, ces courriels semblent montrer que les deux hommes étaient proches. Le Libor – ce taux interbancaire de référence calculé à partir du prix auquel les plus grandes banques déclarent se financer auprès de leurs consœurs – est progressivement en train d’exploser. Bob Diamond, l’ex-patron de Barclays, que ce scandale a poussé à la démission début juillet est désormais accusé par son ancien bras droit – également démissionnaire – de lui avoir ordonné de mentir. Jerry del Missier, interrogé par un comité parlementaire britannique lundi 16 juillet, contredit ainsi le témoignage de M. Diamond devant le même comité il y a deux semaines. La controverse remonte à octobre 2008, un mois après la faillite de Lehman Brothers. Inquiet pour Barclays, qui doit alors systématiquement payer plus cher que ses concurrents pour se financer sur le marché interbancaire, Paul Tucker, en charge des marchés financiers à la Banque d’Angleterre, téléphone à M. Diamond. Il l’interroge à ce sujet, redoutant que les marchés, au vu de cet indicateur, ne s’inquiètent de la situation de Barclays. Lui conseille-t-il alors, pour rassurer les investisseurs, de mentir sur le taux qu’il doit consentir pour emprunter à ses consœurs ? MM. Tucker et Diamond ont toujours démenti. Faux, réplique M. del Missier devant les députés britanniques : « Ce que M. Diamond m’a communiqué, c’est qu’il y avait des pressions politiques autour de la santé de Barclays, et que nous devions déclarer un taux de Libor plus bas qu’en réalité. » « C’était une instruction, oui », confirme M. del Missier. Il tente ensuite de relativiser cet épisode, rappelant que les circonstances à l’époque sont exceptionnelles. Il fait notamment une distinction claire entre la manipulation du Libor par des traders entre 2005 et 2007, dont l’objectif était de tirer des profits, et la sous-estimation du taux en 2008, qui visait à rassurer les marchés. Suite à ce témoignage, il est très probable que M. Diamond sera de nouveau convoqué à Westminster pour s’expliquer. Le témoignage de M. del Missier, pour qui M. Diamond agissait sur ordre de la Banque d’Angleterre, embarrasse également M. Tucker, donné jusqu’ici favori pour succéder à Mervyn King comme gouverneur de l’institut d’émission : « Cela ne paraissait pas une action inappropriée, étant donné que cela venait de la Banque d’Angleterre. » Interrogé par le même comité parlementaire, Andrew Bailey, en charge de la régulation bancaire à la Financial Services Authority, accuse pour sa part Barclays de systématiquement traîner les pieds dans son application de la régulation. « Il régnait une culture visant à se jouer de nous », affirme-t-il. Et il ajoute, visant directement M. Diamond, qu’il était « inquiet du ton au sommet » de la banque.
Le scandale du Libor « très préoccupant » pour la Fed Les révélations récentes de manipulation du Libor sont « très préoccupantes » et risquent de « saper » la confiance des marchés, a déclaré mardi le président de la banque centrale américaine (Fed), Ben Bernanke, lors d’une audition devant la commission bancaire du Sénat. Le responsable a affirmé que l’antenne new-yorkaise de son institution, présidée alors par Timothy Geithner, aujourd’hui secrétaire au Trésor des Etats-Unis, avait enquêté sur le Libor dès le printemps 2008 et avait rapidement mis au courant les autorités de surveillance britanniques de ses travaux. « Nous aurons davantage de renseignements [...] au fur et à mesure des avancées de l’enquête, mais il est évident, au-delà des révélations [récentes], que le système du Libor est structurellement déficient », a ajouté M. Bernanke. Cette nouvelle polémique enflait alors que, de l’autre côté de l’Atlantique, Ben Bernanke, président de la Réserve fédérale américaine, montrait du doigt les autorités britanniques sur le même sujet, lors d’une audience devant une commission du Sénat des Etats-Unis. Ben Bernanke expliquait que la Fed de New York avait compris dès le printemps 2008 que le Libor était « structurellement problématique » et transmis ses réflexions à l’Autorité des services financiers (FSA) britannique et à la Banque d’Angleterre. Il estime aujourd’hui qu’il ne peut toujours pas entièrement garantir la fiabilité du Libor, censé refléter le taux auquel les banques se prêtent de l’argent à court terme, car l’Association des banquiers britanniques (BBA), qui le calcule, n’a pas tenu compte des recommandations des autorités américaines. Des recommandations qui avaient également été adressées à la Banque d’Angleterre.
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