Saignée financière en Espagne pour ponctionner 65 milliards d’euros
L’austérité va couter 65 milliards à l’Espagne pour tenter de compenser le trou des banques. »J’applique des mesures exceptionnelles » face à des circonstances « exceptionnellement graves », a lancé Mariano Rajoy, lors d’un discours solennel devant les députés, détaillant ce plan qui frappera notamment les fonctionnaires et les chômeurs. »Les mesures que nous prenons font mal à tout le monde, cela fait mal que les revenus diminuent et que les impôts augmentent, mais nous devons le faire », a affirmé le chef du gouvernement. M. Rajoy présentait aux députés les résultats de la réunion, lundi, des ministres des Finances de la zone euro, qui a accordé à l’Espagne un assouplissement de son objectif de réduction du déficit et mis au point le plan d’aide aux banques du pays. Mais en contrepartie, l’Espagne s’est vu imposer des « conditions supplémentaires », a expliqué M. Rajoy, qui s’ajouteront à un budget 2012 d’une rigueur déjà historique, prévoyant 27,3 milliards d’euros d’économies. Au total, le pays devra dégager sur les deux ans et demi à venir, c’est-à- dire d’ici à la fin 2014, 65 milliards d’euros supplémentaires, entre coupes budgétaires et nouvelles recettes, a annoncé le chef du gouvernement. Ce nouvel effort « ne sera pas un sacrifice stérile », a promis Mariano Rajoy, en rappelant que l’Espagne, qui ploie sous un chômage de 24,44%, est entrée au premier trimestre dans une nouvelle récession, deux ans après en être sortie, avec un recul du PIB de 1,7% attendu cette année. Pour 2013, a-t-il ajouté, le repli du PIB doit se poursuivre, « bien que plus proche de zéro ». Mesure phare de ce dispositif, la TVA augmentera de trois points, passant de 18% à 21%, a indiqué M. Rajoy, alors que le gouvernement conservateur s’est longtemps refusé à prendre une telle décision, réclamée par la Commission européenne et par le Fonds monétaire international (FMI). La TVA réduite sur certains produits augmentera, elle, de 8% à 10%, a ajouté le chef du gouvernement, tandis qu’elle sera maintenue à 4% sur les produits de première nécessité, comprenant des denrées alimentaires de base. Mariano Rajoy a également annoncé une réforme de l’administration qui devrait rapporter 3,5 milliards d’euros. Cette réforme prévoit une réduction du nombre des entreprises publiques et une diminution « de 30% du nombre des conseillers » locaux, a-t-il affirmé. Certaines primes accordées aux fonctionnaires et à de hauts responsables des administrations seront également réduites. « Etant donné les circonstances de l’économie, exceptionnellement graves », la prime de Noël ne sera pas versée aux fonctionnaires et aux hauts responsables publics en 2012, a annoncé M. Rajoy. Il a également annoncé une diminution des indemnités chômage versées aux nouveaux inscrits, qui seront réduites à partir du sixième mois à 50% du salaire contre 60% actuellement. Le nouveau plan d’économies prévoit en outre un ajustement des dépenses ministérielles, déjà réduites dans le budget 2012, de 600 millions d’euros ainsi qu’une nouvelle coupe de 20% des subventions aux partis politiques, syndicats et organisations patronales en 2013. Ces conditions ont été imposées à l’Espagne par Bruxelles, en échange d’un assouplissement de l’objectif de réduction de son déficit public, à 6,3% de son PIB cette année, soit un point de plus de prévu, après 8,9% en 2011, 4,5% en 2013, contre 3%, et 2,8% en 2014. La Commission européenne a aussitôt salué mercredi les nouvelles mesures de rigueur annoncées par Madrid, y voyant « un pas important » afin que le pays atteigne ses objectifs budgétaires en 2012. Les ministres des Finances de la zone euro étaient parvenus lundi soir à un accord sur le plan d’aide aux banques espagnoles, qui devrait se traduire par un versement de 30 milliards d’euros à Madrid dès la fin du mois.
0 Réponses à “Saignée financière en Espagne pour ponctionner 65 milliards d’euros”