Le FESF pour sauver l’Europe mais avec quel argent ?
Le fonds européen (FESF fusionné avec le MESF) va disposer de 700 milliards mais 300 sont déjà partis pour aider les pays en difficultés ; en outre sur les 700 milliards, 250 doivent être apportés par l’Italie, la Grèce, l’Irlande et le Portugal ; des pays qui ne peuvent emprunter déjà qu’à des conditions exorbitantes pour leurs propres besoins. A moins que le fonds ne leur prête aussi la cotisation qu’ils doivent au MES ! En réalité, il ne reste pratiquement rien à ce fonds de solidarité ; à moins de l’emprunter. le FESF puis le MES ne pourront prêter aux États ou aux banques que de l’argent qu’ils auront eux-mêmes levé sur les marchés avec la garantie explicite des pays membres de la zone euro. Mais le sommet a décidé de supprimer partiellement la séniorité (remboursement prioritaire) dont dispose ce fonds. Cette perte de séniorité, si elle se confirme, signifie que le MES ne sera pas remboursé en premier en cas de défaut de l’un de ses créanciers. Comment les investisseurs réagiront-ils lorsqu’on leur demandera de prêter de l’argent au fonds de secours européen pour que ce dernier prête ensuite à l’Espagne sans être certain de récupérer sa mise? Cela revient à dégrader la qualité de crédit du fonds et donc à renchérir ses coûts d’emprunt. Ensuite, les délais de mise en œuvre de ces décisions s’annoncent bien plus longs que ne le pensent les marchés. D’abord parce que sept pays seulement ont jusqu’à présent ratifié le MES, l’Allemagne s’apprêtant à le faire ce vendredi après-midi. «Mais ils l’ont ratifié sous réserve que le MES soit créditeur senior, souligne Laurence Boone chef économiste Europe de Merrill Lynch Bofa. En d’autres termes, faudra-t-il changer les traités?» Ensuite le MES ne pourra recapitaliser les banques que lorsqu’un superviseur bancaire européen aura été mis en place, ce qui signifie pas avant la fin de l’année. Bref, les décisions nocturnes de Bruxelles ont permis peut-être d’acheter un peu de temps. Le temps nécessaire au réveil sur l’insuffisance de l’accord européen au regard de enjeux.
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