Le projet d’Europe politique de l’Allemagne ne correspond pas au calendrier de la crise
Face aux demandes immédiates concernant la crise financière et la croissance, l’Allemagne répond par un projet d’union politique qui ne pourra s’appliquer avant des années. Il y a de toute évidence uen erreur de calendrier ou surtout un manque d’articulation entre le court, moyen et long terme. Dans un entretien télévisé jeudi matin, la chancelière a exposé ses remèdes: « Nous avons besoin de plus d’Europe (…) d’une union budgétaire (…) et nous avons besoin avant tout d’une union politique. Nous devons, pas à pas, abandonner des compétences à l’Europe », a-t-elle déclaré. Mais « nous ne devons pas rester immobiles parce que l’un ou l’autre (pays) ne veut pas encore suivre », a-t-elle ajouté, ouvrant la porte à une Europe à deux vitesses. Le pacte budgétaire dont 25 des 27 pays de l’Union européenne sont en passe de se doter « est une condition nécessaire mais pas suffisante » à un rétablissement de l’euro, a-t-elle jugé plus tard lors d’une conférence de presse avec M. Cameron. Celui-ci a pressé les pays de la monnaie unique de venir à bout de leurs problèmes « afin que nous puissions tous avoir à nouveau une croissance saine en Europe ». Le Premier ministre britannique n’est pas le seul à s’inquiéter. Barack Obama s’était joint à lui mercredi pour réclamer « un plan immédiat » de la zone euro pour surmonter sa crise. L’Espagne et son secteur bancaire aux abois concentrait toujours l’essentiel des inquiétudes. L’agence d’évaluation financière Fitch a d’ailleurs abaissé en fin de journée de trois crans la note du pays, qui tombe de A à BBB, et l’a assortie d’une perspective négative. Dans la matinée, les taux sont ressortis en nette hausse lors d’une émission obligataire du Trésor espagnol, supérieurs à 6% (6,044%) sur l’échéance-phare à 10 ans, pour un montant de 2,074 milliards d’euros, plus que prévu. La veille déjà la Banque centrale européenne (BCE) avait remonté le moral des investisseurs en annonçant un prolongement de ses prêts illimités aux banques et en ouvrant la porte à une baisse des taux le mois prochain. D’ici là seront passées les échéances politiques très attendues des élections législatives en Grèce et en France, et le sommet européen des 28 et 29 juin à Bruxelles. Mme Merkel a toutefois tempéré les attentes à l’égard de celui-ci, soulignant que le salut de l’Europe viendrait de mesures structurelles de longue haleine. Il n’y aura pas « un seul sommet capable de tout régler d’un coup », a-t-elle averti. L’Allemagne veut soumettre à ses partenaires à cette occasion une proposition pour un programme de travail menant à terme à une union politique, qui pourrait ne concerner qu’un noyau dur de pays. La dirigeante de la première économie européenne, qui tient les cordons de la bourse en Europe, se place une fois de plus sur le terrain du long-terme, là où beaucoup de ses partenaires attendent des actions concrètes et immédiates, en faveur tout d’abord des banques espagnoles. Celles-ci auraient un besoin de financement compris entre 60 et 100 milliards d’euros pour se recapitaliser, a estimé l’agence Fitch, le journal espagnol ABC parlant quant à lui jeudi, de 40 à 80 milliards, anticipant la publication lundi d’une estimation très attendue du Fonds monétaire international (FMI). Enfin, selon l’agence de notation financière Standard & Poor’s, les banques espagnoles devront admettre d’ici 2013 des pertes de 80 à 112 milliards d’euros, liées aux crédits accordés. Berlin reste opposé à une aide directe aux banques du FESF, tandis que jeudi le ministre polonais des Finances Jacek Rostowski est venu rejoindre les rangs de ceux qui prônent cette solution. Le gouvernement allemand est en revanche muet sur une piste dessinée mercredi, qui verrait le FESF aider une institution espagnole, le Fonds public espagnol d’aide au secteur bancaire (Frob) ; ce qui en fait revient au même..
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