Après l’insecticide Cruiser, un virus qui tue des millions d’abeilles
Un virus très contagieux transmis par la mite parasite « Varroa » contribuerait à la propagation et probablement à la mort de millions d’abeilles dans le monde, selon des chercheurs américains et britanniques dont les travaux ont été publiés jeudi aux Etats-Unis. Cette mite qui se nourrit du sang des abeilles au stade larvaire ou adulte, perce leur peau et déforme leurs ailes. Les abeilles jouent un rôle essentiel pour la pollinisation de plusieurs récoltes de fruits et légumes aux Etats-Unis estimés de 15 à 20 milliards de dollars annuellement. Cette dernière recherche, qui paraît dans la revue américaine Science datée du 8 juin, a été menée à Hawaii par des chercheurs de l’Université de Sheffield (GB), de la « Marine Biological Association » et de l’Université de Hawaii. Le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a annoncé vendredi qu’il interdisait immédiatement sur le sol français l’utilisation de l’insecticide Cruiser OSR, soupçonné d’être néfaste aux abeilles. Pour « les semis de colza qui vont venir, oui, l’autorisation qui avait été donnée est retirée », a-t-il déclaré à la presse, après avoir reçu un rapport de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). Dans son rapport, l’agence recommande de renforcer la réglementation européenne sur les produits phytosanitaires et elle rappelle que la surmortalité des abeilles n’est pas liée à une cause unique mais à une multitude de facteurs. Le ministre de l’Agriculture va donc un peu plus loin que les recommandations de l’ANSES en décidant « d’interdire aujourd’hui » l’utilisation du Cruiser « pour l’enrobage des semences de colza au niveau français ». « Même si l’on sait que la mortalité des abeilles est liée à des éléments multifactoriels, il y a quand même des liens qui ont été mis en évidence, en particulier sur le retour des abeilles aux ruches, des troubles de comportement liés aux molécules qui sont concernées », a considéré Stéphane Le Foll. L’Anses avait été saisie en mars par le ministère de l’Agriculture après la publication d’un article dans la revue « Science ». Cette étude montrait que les abeilles exposées au thiaméthoxam, l’une des molécules du Cruiser, revenaient moins nombreuses à la ruche que les autres, ce qui fragiliserait les colonies. En France, le thiaméthoxam est autorisé en traitement de semences pour les cultures de maïs (Cruiser 350), de betterave (Cruiser 600 FS), de pois (Cruiser FS) et de colza (Cruiser OSR). Seul le colza a des fleurs dont les abeilles butinent le nectar. Le groupe Syngenta, qui produit le Cruiser, a contesté les conclusions de l’étude dès sa parution dans la revue « Science ». Les abeilles de l’expérimentation ont été exposées à une dose « 30 fois plus élevée qu’en conditions réelles », a dénoncé la firme d’agrofourniture. Selon elle, « pour atteindre la quantité de thiaméthoxam retenue dans l’étude, l’abeille devrait consommer quotidiennement jusqu’à sept fois son propre poids en nectar ». Syngenta affirme sur son site internet que son « Cruiser OSR a déjà été utilisé sur plus de trois millions d’hectares de colza en Europe sans incident »
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