La Peugeot 301, la voiture low-cost de PSA
Huit ans après Renault, PSA s’apprête à lancer à son tour des véhicules «low-cost», même si le constructeur récuse cette appellation. Le Lion a annoncé jeudi la sortie en novembre de sa Peugeot 301, pour conquérir les marchés émergents. Le site de Vigo, en Espagne, a déjà commencé, depuis fin mars, la production en petite série de cette familiale compacte avec coffre apparent. La 301, qui sera montrée au Mondial de Paris, en octobre, sortira le mois suivant en Turquie, puis en Europe centrale et orientale, en Russie, au Maghreb, au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique latine. Elle pourrait à terme être vendue en Chine. La version Citroën de ce véhicule sera présentée le mois prochain. La 301 est destinée à devenir l’«un des véhicules de la marque les plus importants en volume dans le monde», souligne le constructeur. Il s’agit d’un enjeu crucial pour PSA, qui a besoin d’un véhicule répondant aux besoins des classes moyennes en plein essor des marchés en croissance. «Cette population recherche des véhicules permettant l’accès à une bonne technologie, capables de transporter une famille et dotés d’un grand coffre, le tout pour un prix intéressant», explique Philippe Barrier, analyste à la Société générale. Il y a urgence pour le groupe, qui traverse de sérieuses difficultés financières. Il est en effet trop dépendant de l’Europe (58 % de ses volumes en 2011), où il est à la peine sur des marchés en fort recul. PSA n’est sans doute pas resté indifférent au succès de Renault à l’international, porté par sa gamme low-cost. Cette année, ce dernier compte écouler plus d’un million de Logan et ses dérivés (comme le Duster ou le Lodgy), contre 814.000 l’an dernier. Sur les marchés émergents, PSA s’est pour l’heure contenté de lancer des adaptations de produits existants, comme la 408, au Brésil ou en Russie, ou de commercialiser sa 308. Avec la 301, il veut proposer un véhicule «à la fois accessible et valorisant». Peu diserte sur le prix, la marque précise que la 301 sera «positionnée au cœur de son segment». Basée sur la plate-forme de la 208, mais plus grande, elle coûtera moins cher que la 408 ou la 308. Ce modèle devrait aussi se situer au-dessus de la Logan, plus dépouillée. Censé offrir «un style et des prestations modernes», il intègre des technologies plus sophistiquées, comme l’ESP, l’ABS, des airbags, ainsi que des moteurs de «dernière génération» ou la «climatisation». À Vigo, deuxième usine européenne après Sochaux (Doubs) en volume, PSA a prévu un investissement de plus d’un milliard d’euros d’ici à 2014, selon la presse espagnole, pour porter la capacité annuelle à 500.000 voitures. Le site, qui produit le C4 Picasso et les utilitaires Berlingo et Partner, devrait être en mesure de livrer plus de 100.000 voitures low-cost par an. Il fabriquera aussi des fourgonnettes électriques, ainsi qu’un futur monospace. Et pourrait par ailleurs profiter de l’alliance du français avec l’américain General Motors. Les deux groupes envisagent de partager des plates-formes de véhicules de petite et de moyenne taille pour les pays émergents. Outre l’enjeu commercial, PSA devra toutefois relever le pari de la rentabilité. À la différence de Renault (dont le low-cost est la gamme la plus profitable), le Lion produira son véhicule en Espagne, où le coût horaire de la main-d’œuvre est environ trois fois plus élevé qu’en Roumanie. Le groupe avait bien envisagé de construire une nouvelle usine en Turquie ou en Pologne, mais la crise l’a contraint de se rabattre sur un site existant. Le projet avait été annoncé en 2010. À Vigo, PSA profitera toutefois d’économies d’échelle sur un site réputé pour sa productivité. L’usine galicienne offre par ailleurs un accès direct à l’océan Atlantique. Reste à savoir si ces produits seront vendus en Europe de l’Ouest. Pour l’heure, ce n’est pas programmé, le groupe craignant de dégrader l’image de ses marques. Mais à l’avenir, «c’est possible», murmure-t-on en interne, avec une nouvelle marque. Renault promettait également de ne pas se lancer sur le Vieux Continent à la sortie de la Logan, en 2004, avant de changer d’avis, avec le succès que l’on sait.
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