Jean-Marc Ayrault: c’est qui ?
Ni Ena, ni HEC, pas même un petit passage par Sciences-Po. Jean-Marc Ayrault n’est pas un Premier ministre comme les autres. Prof d’allemand, il a passé la quasi-totalité de sa scolarité dans le public. Surtout, il accède à Matignon sans aucune expérience gouvernementale. Son CV, il l’a forgé sur le terrain, en cumulant de nombreux mandats: conseiller général, maire d’une petite commune, puis de Nantes depuis 1989, député depuis 1988, président du groupe PS à l’Assemblée depuis 1997. Il a ainsi réussi à survivre à la tête du groupe PS, une pétaudière animée par les courants et sous-courants, pendant quinze ans. Cette longévité étonne, mais s’explique par un goût pour le terrain, une grande capacité d’écoute et une discrétion qui l’éloigne de toute polémique. Certes, Jean-Marc Ayrault s’est toujours abstenu d’appeler, comme Vincent Peillon ou Ségolène Royal, à un rapprochement PS-MoDem. Certes, à Nantes, il n’a pas engagé le MoDem dans sa majorité. Mais il a toujours veillé à bien traiter les centristes. Ainsi, il a accordé le statut de groupe autonome aux trois élus municipaux MoDem, depuis bienveillants à son égard. Jean-Marc Ayrault n’incarne aucun courant clairement déterminé au sein du PS, mais son profil réformiste est à rapprocher de celui de François Hollande. Pas franchement un gauchiste. Tout le contraire du Ayrault jeune, qui analysait la société par le prisme marxiste, qui était entré au PS par le CERES de Jean-Pierre Chevènement et qui s’était placé dans les pas de Jean Poperen, leader le plus à gauche du parti socialiste. Il a même décidé de prénommer sa première fille Ysabelle, comme celle de l’ancien dirigeant chilien Salvador Allende. La carrière nationale de Jean-Marc Ayrault décolle réellement en 1997, année de l’arrivée au pouvoir de Lionel Jospin. Au même moment, ou presque, François Hollande débarque à la tête du PS. Les deux travaillent régulièrement ensemble et se retrouvent pour les petits-déjeuners de la majorité à Matignon. Ils partagent la même sensibilité politique et sont tous les deux des élus locaux, qui labourent leur circonscription. Le courant passe entre eux. Pourtant, Ayrault garde ses distances, refusant de se lier à une chapelle. Tôt dans la primaire PS, dès juin 2010, il participera néanmoins aux réunions des hollandais, au milieu des plus fidèles, tels Kader Arif, Stéphane Le Foll ou Faouzi Lamdaoui.
0 Réponses à “Jean-Marc Ayrault: c’est qui ?”