Rama Yade : le slalom politique passe par Colombes ; elle a besoin de Sarkozy et se rallie à lui
Promue par Sarkozy qu’elle a adoré, puis détestait, avant de se rallier à Borloo puis de revenir depuis quelques jours chez Sarkozy, Rama Yade à tout compris de la politique. Il faut savoir naviguer et prendre le vent. Intelligente, sympa mais déjà tellement faux cul ! L’ex-secrétaire d’Etat aux Droits de l’homme veut devenir députée. Et elle prépare déjà les municipales de 2014 à Colombes, où elle est conseillère municipale d’opposition. .
Mais la campagne est rude face à des adversaires UMP, Manuel Aeschlimann (député sortant), et PS, Sébastien Pietrasanta (maire d’Asnières et candidat aux législatives), qui ne comptent pas lui dérouler un tapis de roses. Pour leJDD.fr, la première vice-présidente du Parti radical de Jean-Louis Borloo dévoile ses priorités, réplique aux attaques, égratignes ses concurrents et explique son positionnement par rapport à Nicolas Sarkozy.
Pourquoi êtes-vous candidate dans la 2e circonscription des Hauts-de-Seine?
Je veux porter un projet, une vision, pour mon territoire. Cette circonscription, qui a crû de 15.000 habitants en dix ans, est en voie de paupérisation depuis que Colombes et Asnières sont gérées par des maires socialistes. En même temps, le député sortant [Manuel Aeschlimann, UMP] incarne, avec ses casseroles judiciaires et ses méthodes d’intimidation, le contraire de la République irréprochable. Mes concurrents ne sont clairement pas à la hauteur. Les habitants n’en peuvent plus. Ayant été deux fois ministre puis ambassadeur en même temps qu’élue de la circonscription, je veux mettre mon expérience et ma compétence au service des Asniérois et des Colombiens, tout en incarnant ce renouvellement dont l’Assemblée nationale a besoin. Saviez-vous que 45% des députés en sont à leur 3e mandat? Et 10% à leur 6e mandat?
Quelles sont vos trois priorités?
L’école, la sécurité et le développement économique. A l’Assemblée, je me battrai pour obtenir plus de moyens pour les écoles de la circonscription. Je défendrai aussi l’instruction, qui privilégie le savoir et non le plaisir de l’enfant. Qu’on arrête de transformer les professeurs en animateurs sociaux ! Et de duper nos jeunes en leur donnant des diplômes sans valeur.
Que proposez-vous pour la sécurité?
Dans le nord des Hauts-de-Seine, les chiffres de la délinquance ont explosé, notamment la délinquance lourde. Il y a un sentiment d’impunité. Je compte déposer une proposition de loi rendant l’armement obligatoire pour la police municipale. Je voudrais aussi qu’on crée une école nationale de police territoriale, pour mieux former les policiers municipaux. J’ai également un projet pour la jeunesse désœuvrée qui tient les murs et sombre dans les trafics : créer un service militaire de formation à un métier, à l’image du service militaire adapté en outre mer. Et je veux un gardien d’immeuble dans chaque HLM pour assurer la prévention.
Et le « développement économique »?
On présente souvent les Hauts-de-Seine comme un département riche. Or, le nord ne l’est pas. On voit arriver de plus en plus de jeunes couples qui ne peuvent plus se loger à Paris. Cette mutation démographique n’a pas été anticipée par les élus locaux, ce qui se traduit par une dégradation du cadre de vie : il faut des crèches, des écoles, des services de proximité, des entreprises… Il faut cesser la densification du territoire qui ne vise qu’au clientélisme électoral des quartiers populaires. En lieu et place du matraquage fiscal et de l’endettement à outrance accompagné de dettes toxiques, ces facilités privilégiées par la gauche, il faut une véritable vision économique de long terme afin d’attirer les entreprises.
Ces propositions ne sont pas du ressort du député… Vous faites une campagne municipale anticipée?
Bien sûr! Je considère que derrière ces législatives se jouent les municipales de 2014. Je lie clairement les deux élections. Le député peut pousser pour faire venir des entreprises. Il peut se battre auprès de l’Etat, dont je connais bien le fonctionnement, pour les transports, les gares ou les stations de métro. Il est un atout décisif pour la reconquête de ces 2 grandes villes du nord des Hauts-de-Seine.
Que reprochez-vous à Manuel Aeschlimann?
Le député sortant n’est pas un modèle pour les jeunes. Il passe plus de temps dans les tribunaux qu’à l’Assemblée nationale, où il est un champion de l’absentéisme. Il a été condamné en première instance et en appel à une peine d’inéligibilité pour délit de favoritisme ; on attend la décision de la cour de cassation. Un tel énergumène ne mérite pas de représenter ses concitoyens. Il a même annoncé que sa femme le remplacerait en cas d’empêchement… Pourquoi pas sa grand-mère tant qu’on y est? Ils pensent que le mandat leur appartient, un patrimoine familial qui s’hérite et se transmet. C’est du pur népotisme!
Les deux villes qui composent cette circonscription sont passées à gauche en 2008…
A cause des errances de l’actuel député, on est arrivé à cette situation ubuesque où une ville, Asnières, majoritairement à droite se retrouve avec un maire de gauche. Le candidat socialiste [Sébastien Pietrasanta] n’a été élu que par défaut, grâce au rejet de son prédécesseur. Mais les gens ne veulent ni de l’un ni de l’autre.
Comment interprétez-vous la polémique concernant votre domiciliation et votre inscription sur les listes électorales?
Ridicule, pathétique et minable! On est loin de la grande politique. Le député sortant et le maire socialiste ont voulu faire croire, sous prétexte que j’ai deux adresses, que j’étais parachutée, moi qui suis arrivée dans la circonscription en 1987 et qui suis élue depuis quatre ans ! Ces deux adresses n’étaient même pas cachées. Le plus ridicule dans tout ça, c’est qu’il n’est nul besoin d’être inscrite sur leurs listes pour être candidate dans la circonscription. Sans doute ont-ils oublié de lire le code électoral.
Le juge du tribunal d’instance a établi que votre « domicile réel » se situe dans le 18e arrondissement de Paris…
Ce n’est pas à un juge de décider de cela. Je suis propriétaire d’un appartement à Paris et locataire d’un nouvel appartement à Colombes. Est-ce interdit? Les électeurs ont d’autres préoccupations. Demandez plutôt au sortant de s’expliquer sur son bilan et sa conduite. Est-il normal, par exemple, qu’un député français défende, en tant qu’avocat, un milicien congolais, accusé de crime contre l’humanité par la Cour pénale internationale? Ou encore un chanteur congolais accusé de viol? Moi aussi, j’aurais des choses à dire…
Vous venez d’annoncer que vous voterez pour Nicolas Sarkozy au premier tour de la présidentielle. Avez-vous eu une réponse de l’Elysée?
Non. Je ne recherche pas un échange de bons procédés.
Avez-vous décidé de fermer les yeux sur la « droitisation » de l’UMP que vous dénonciez encore récemment?
Il est normal après le retrait de Jean-Louis Borloo de se positionner par rapport aux autres candidats, après une période de réflexion. Nicolas Sarkozy est désormais le seul candidat de la droite. Et je souhaite la victoire de ma famille politique. Il faut tout faire pour empêcher l’élection de François Hollande qui n’a pas la stature présidentielle. Si j’ai pris le temps de la réflexion, c’est parce que j’étais gênée par les déclarations très dures, sur les chômeurs, l’immigration, les civilisations qui ne se valent pas… Nicolas Sarkozy mérite mieux que de se laisser enfermer dans ces polémiques. Ça s’est calmé. Il y a eu des signaux apaisants… même si on ne peut pas encore parler de virage social. Je ne doute pas qu’un rééquilibrage viendra. C’est la condition de la victoire de Nicolas Sarkozy, comme je le souhaite.
Nicolas Sarkozy a dit à votre endroit : « Chacun a sa conception de la fidélité »…
Je suis fidèle à mes idées de 2007.
Vous regrettez le Sarkozy de 2007?
J’aimerais tant retrouver le Nicolas Sarkozy d’il y a cinq ans. C’est ma seule référence. Et elle est solide. Vous voyez, je suis fidèle.
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