La fumisterie des retraites en début de mois, promise en 2010 et coûteuse
Le gouvernement en a fait son cheval de bataille depuis… 18 mois. Lors de la présentation de son programme présidentiel, jeudi, Nicolas Sarkozy a promis de changer « la vie quotidienne de 15,5 millions de Français retraités », en permettant à certains de ne plus avoir des « comptes en banque déficitaires ». Dans son viseur, la date de versement des retraites qu’il souhaite avancer au 1er de chaque mois, et non plus le 8, comme c’est actuellement le cas. Cette proposition arrangerait nombre de retraités surtout les petites retraites. Pourtant, la mesure n’est pas nouvelle. Loin de là. Il s’agit en fait d’une promesse gouvernementale figurant dans la loi réformant les retraites adoptée en octobre 2010. Dans ce texte, le gouvernement s’était engagé à présenter au Parlement « un rapport sur les conditions de mise en œuvre d’un versement des pensions dès le premier de chaque mois ». Mais ce rapport n’a jamais été remis. Depuis, Xavier Bertrand, ministre du Travail et de la Santé s’est plusieurs fois engagé à mettre en place cette mesure rapidement. Le 26 juin 2011, il prédisait ainsi un changement de système « dans les mois qui viennent » sur RMC et BFM (à partir de la 15ème minute) : Enfin la semaine dernière, Xavier Bertrand a de nouveau affirmé sur la même chaîne que le changement de date du versement des pensions constituait toujours un objectif de la majorité, affirmant qu’il « ne lâcherait jamais l’affaire »… Mais « l’affaire » s’avère particulièrement complexe à boucler. Car cela obligerait les caisses de retraites à emprunter chaque mois, pour quelques jours, une somme avoisinant les 10 milliards d’euros, le temps de récupérer la collecte des cotisations retraite patronales et salariales payées par les entreprises aux alentours du 5 de chaque mois. Or, cet emprunt a un coût : selon Xavier Bertrand, celui-ci pourrait s’élever à 200 millions d’euros par an. Autre problème : cette mesure impliquerait de réviser tout le système informatique. Sachant qu’un tel changement apparaît « très lourd et compliqué », avait déjà souligné Pierre Mayeur, le directeur de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav), lors d’une conférence de presse en octobre 2011. « Ce n’est pas une date qu’on peut changer sur un tableau Excel », avait-il renchéri.
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