Les salariés français les plus déprimés d’Europe surtout sur le pouvoir d’achat
Selon une étude menée début février par Ipsos et Logica pour Endered (services aux entreprises) auprès de 5.500 salariés en France et dans cinq pays voisins (lire ci-dessous), les Français sont « recordmen de la démotivation en Europe », avec 40 % de salariés qui affirment que leur motivation diminue, deux fois plus qu’en Allemagne. Les cadres sont en première ligne. Selon l’étude, que dévoilent « Les Echos », ils sont 51 % à estimer consacrer « trop de temps » au travail (+ 4 par rapport à 2008), pour une reconnaissance trop faible (41 % d’insatisfaits, + 5), le tout en étant de moins en moins bien dirigés. En découle un niveau de stress « élevé et en hausse ». Tous salariés confondus, le manque de reconnaissance, une rémunération jugée trop faible (à 68 %) et la charge de travail restent les principaux griefs. Un salarié sur deux (52 %) cite le niveau de salaire comme sa principale préoccupation. Là aussi, c’est un record en Europe, malgré un recul de 7 points depuis 2008 suite à la remontée des craintes sur l’emploi (29 %, + 4). Quatre salariés sur dix se disent « inquiets » pour leur avenir et pour celui de leur entreprise. En dépit d’un droit du travail plus protecteur, ce degré d’inquiétude avoisine celui des Italiens et des Espagnols, et il est deux fois plus élevé qu’en Angleterre, en Allemagne et en Belgique. S’ajoute le fort malaise des fonctionnaires, champions européens du pessimisme (lire encadré ci-contre). Le tableau est toutefois à nuancer, tant les Français continuent d’entretenir une relation ambiguë au travail. De fait, ils s’affirment plutôt « heureux » dans leur travail (à 86 %), qui les rend « fiers » (86 %) et où ils s’accomplissent (80 %). Et si la note globale qu’ils donnent à leur qualité de vie au travail (6,1/10) reste basse, elle est en légère hausse. C’est une caractéristique récurrente des salariés français dans les enquêtes : ils aiment sur le fond leur travail et leurs collègues proches, mais ils adorent aussi s’en plaindre. « Accomplis, mais désengagés », résume Ipsos, selon qui ce constat mitigé est le résultat logique du « modèle français » qui « continue de produire les effets déjà constatés » lors des précédentes études : un chômage de masse qui entretient l’inquiétude, des organisations qui concentrent le travail sur les plus qualifiés (tensions sur les cadres), un dialogue social et un management insuffisants, et un modèle social « plus protecteur » qui générerait « un individualisme défensif » (fortes revendications salariales). Les craintes sur l’avenir se retrouvent dans les attentes prioritaires envers les entreprises. Les salariés demandent d’abord à être mieux accompagnés dans leur carrière et mieux formés (51 %), ils réclament de meilleures mutuelles (45 %) et davantage de soutien pour se constituer une épargne salariale (37 %).
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