Le phénomène politique Mélenchon
Peu d’experts auraient pronostiqué un tel redressement de l’extrême gauche à travers le Front de Gauche. Pour une grande part, cette remontée tient à la posture et au talent de Mélenchon. Une posture délibérément de dénonciation des injustices, des abus, de toutes sortes mais aussi du système. Certes Marine Lepen se positionne aussi sur ce créneau mais avec l’intolérance, le racisme et la xénophobie en plus. On a en outre du mal à adhérer à l’idée que le front national défend les plus démunis même si pour des raisons électorales le discours de Marine va dans ce sens. Finalement Mélenchon prend une partie de la place de la gauche traditionnelle : radicale et anticapitaliste. Il faut dire que le PS peine à convaincre de sa radicalité et de sa capacité de rompre avec la seule logique du profit. Certes avec Hollande, le PS a progressé sur ce terrain mais l’électorat reste dubitatif sur les convictions réelles du PS dans ce domaine. En même temps l’exercice est difficile pour le PS car il lui faut aussi convaincre qu’il est en situation de gouvernance responsable. De ce point de vue, on ne peut guère reprocher de dépenses outrancières à Hollande ; on peut par contre lui faire reproche de ne pas mettre au centre du débat les questions relatives au rôle de l’Etat et ses dépenses. Mélenchon ne s’embarrasse pas de ce difficile équilibre, il ne cherche pas à gouverner mais à influencer la ligne politique de la gauche. Mélenchon connait le fonctionnement du système politique, son mode de reproduction, ses liens avec les forces économiques dominantes. Il frappe donc fort. On peut effectivement le taxer de populisme car s’il est crédible dans la dénonciation, il l’est moins dans la proposition ; autant sans doute du fait de ses convictions que par son manque de compétence économique , manque de compétence qui vaut pour toute la gauche mais aussi pour la droite puisque l’essentiel du personnel politique est composé de fonctionnaires qui entretiennent des relations ésotériques avec l’économie réelle. Mélenchon ajoute évidemment son talent d’orateur, son équilibre à lui c’est celui du tribun et de l’intellectuel ; deux qualités que ne possèdent pas conjointement les autres candidats. D’où par parenthèse l’absence de la thématique de la culture dans le débat des présidentielles (sauf sur l’école pour Hollande). Dommage car fondamentalement, c’est l’insuffisance de culture qui plombe l’avenir du pays, l’insuffisance d’ouverture sur le monde, les technologies, les processus de production et d’échanges, les équilibre environnementaux, la nouvelle donne mondiale économique sociale et précisément culturelle ; simplement la compréhension de la crise. De ce fait, la France se ratatine sur elle même, ne croit plus dans son avenir, dans son personnel politique. Mélenchon donne une respiration à cette campagne qui n’atteint pas un grand niveau. Pour de nombreuses raisons qui sont difficile d’évoquer sans perdre des voix, en tout cas c’est ce que pensent les dir.com. Si le PS est gênée par la place que prend Mélenchon, l’extrême droite l’est également car il y a pour une partie consanguinité de l’électorat et Mélenchon n’a jamais voulu insulter l’électeur de Marine Le Pen. Mélenchon contraint à radicaliser la campagne dans un affrontement droite gauche et de ce fait Bayrou se retrouve écrasé par les deux grandes forces. Il n’y a guère que L’UPM qui se réjouit du score de Mélenchon qui affaiblit Hollande au premier tour. Un mauvais calcul en fait car, ce score renforce Hollande au second tour. Pour tout dire, Mélenchon trouble « la sérénité » de la campagne.
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