Sarkozy annonce 17 millions pour ArcelorMittal à Florange, « enfumage » répondent les syndicats
Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi qu’ArcelorMittal allait injecter « maintenant » 17 millions d’euros dans son aciérie de Florange (Moselle), notamment pour redémarrer l’un des deux hauts-fourneaux du site, une déclaration accueillie avec scepticisme par les syndicats et le PS. A la demande de l’Etat français, ArcelorMittal va investir maintenant 17 millions d’euros à Florange », a assuré le président-candidat sur France Inter après avoir révélé qu’il avait eu, mercredi, une réunion de travail avec Lakshmi Mittal, le PDG du n°1 mondial de la sidérurgie. Sur cette enveloppe, deux millions vont permettre de « réaliser les travaux » sur le haut-fourneau P6 du site afin que celui-ci, en sommeil depuis octobre, « puisse repartir ». « Il repartira au deuxième semestre 2012″, a assuré M. Sarkozy. Confirmant cet investissement, ArcelorMittal a cependant conditionné ce redémarrage à une reprise de l’économie: « deux millions d’euros supplémentaires vont être alloués immédiatement à des travaux de maintenance (du P6) afin de permettre un redémarrage (…) de Florange au second semestre dans la perspective d’une reprise économique », a précisé le groupe dans un communiqué. Le chef de l’Etat a également annoncé que sept millions d’euros allaient être investis dans un nouveau gazomètre pour la cokerie de Florange et que huit millions d’euros serviraient à développer sur le site lorrain « de nouveaux produits destinés (…) au marché de l’automobile ». Sur place, les syndicats ont accueilli avec le plus grand scepticisme ces annonces en soulignant que seulement une partie de l’enveloppe promise correspondait à des sommes nouvelles. »Les deux millions (d’euros) pour la maintenance du P6 avaient été arrachés à Mittal par le préfet en contrepartie du paiement par l’Etat du chômage partiel des ouvriers de la filière chaude », a observé le responsable de la CFDT, Edouard Martin, qui a dénoncé, à l’instar de la CGT et de FO, un « nouvel enfumage de Sarko ». »Ni Sarkozy ni Mittal n’ont donné de date pour le redémarrage du P6″, a embrayé Jean Mangin, le leader de la CGT. « Il faut six semaines pour remettre le haut-fourneau en marche. Conditionner l’opération à une reprise économique, c’est du foutage de gueule », a-t-il estimé. Concernant les huit millions d’investissements dans les nouveaux produits, le responsable FO, Walter Broccoli, a estimé qu’ils arrivaient « trop tard ». « Nos clients achètent déjà chez nos concurrents », a-t-il expliqué, ajoutant que seul l’investissement destiné à la cokerie était une nouveauté. »La tendance, c’est +on continue+ », ont indiqué les syndicats qui occupent une partie du site depuis dix jours. Ils ont annoncé une nouvelle action « coup de poing » pour vendredi, après le comité central d’entreprise devant se tenir dans la matinée à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Pour eux, « le redémarrage (du P6) annoncé au second semestre n’a aucune valeur d’engagement car ce sera après les élections présidentielles ». « Et Nicolas Sarkozy ne peut garantir la décision de Mittal à ce moment-là », ont-ils ajouté.