France: la hausse de la consommation en février, un phénomène éphémère
La hausse de 3,0% par rapport à celle de janvier aura un effet positif sur la croissance au premier trimestre mais reste éphémère car due essentiellement à la consommation d’énergie pendant la période de froid ; »Le net rebond est pour les deux tiers imputable à la forte hausse des dépenses en énergie. Les températures très basses de la première quinzaine ont en effet soutenu les dépenses de chauffage (électricité, gaz, fioul) », a toutefois expliqué d’emblée l’Insee. Les dépenses d’énergie ont bondi de 11,7% par rapport à celles du mois précédent, après avoir progressé de 2,3% en janvier. Le cuir et le textile ont aussi profité du froid mordant, venu surprendre les Français après un début d’hiver doux. La consommation de ces produits a rebondi, gagnant 5,7%, après deux mois de recul consécutifs (-2,5% en janvier et -1,5% en décembre). « La vague de froid aurait dynamisé les achats de vêtements d’hiver », a expliqué l’Insee. La consommation en produits alimentaires a, elle, poursuivi sa hausse (+1,3% après +1,6%). En revanche, les dépenses en biens durables ont reculé de 0,7%, après une chute de 4,7% en janvier, en raison notamment d’une nouvelle baisse des achats d’automobiles (-0,8% en février, après -8,3%). L’Insee avait récemment annoncé une nette embellie du moral des ménages en mars, soutenu par un regain d’optimisme sur leur situation financière future, ainsi qu’une amélioration de celui des industriels. Il avait aussi estimé que la France échapperait à la récession au premier semestre. L’institut a également publié vendredi les chiffres du déficit public de 2011, moins élevé que prévu à 5,2% du PIB. »Sur le front de la consommation, il est utile de rappeler que la flambée de février s’explique principalement par la vague de froid », souligne Marc Touati d’Assya Compagnie financière. Pour lui, « le moteur de la consommation tourne toujours au ralenti et devrait subir une nouvelle décélération dès le mois de mars ». »Il est sûr que la consommation va baisser en mars », renchérit Michel Martinez, économiste en chef pour la France de la Société Générale, mais la hausse de février aura « mécaniquement un effet sur la croissance qui devrait être de 0,2% à 0,3% au premier trimestre » au lieu de la croissance nulle récemment prévue par l’Insee. »En soi, ce n’est pas satisfaisant et ces taux de croissance sont trop modérés pour que le chômage puisse commencer à baisser », admet-il. Mais « il faut tenir compte du contexte économique de l’ensemble de la zone euro » pour constater que « l’économie française est plutôt résistante ». De toute façon, « pour de nombreuses années » la consommation, moteur traditionnel de l’expansion économique française, va croître « à un rythme bien moindre que par le passé ». La réduction du déficit public à laquelle la France s’est engagée implique des hausses d’impôts et des baisses de transferts fiscaux et sociaux, ce qui freine la consommation. »Il va falloir que les Français et les gouvernants français s’habituent à un autre modèle de croissance. Pour élever le potentiel de croissance de la France, il va falloir aller chercher du ressort ailleurs: du côté des exportations, des investissements, bref du côté des entreprises », estime Michel Martinez.
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