Canada: l’austérité décrétée
« D’autres pays occidentaux risquent une contraction à long terme de leur économie, alors que nous avons l’occasion rare de mettre notre pays sur la voie de la croissance durable à long terme. Alors que d’autres ont peu de marge de manoeuvre, nous sommes libres de choisir notre avenir », a-t-il poursuivi. Le Canada va réduire cette année son déficit de façon plus importante que prévu, grâce à des réductions de dépenses « modérées » et une croissance économique de 2,1%, a-t-il annoncé. Mais la réduction des dépenses est appelée à s’accentuer et elle se traduira par la suppression de 19.200 postes de fonctionnaires fédéraux sur une période de trois ans (4,8% de l’effectif total), alors que le gouvernement conservateur espère devenir l’un des premiers du G7 à renouer avec les excédents budgétaires à partir de 2015-2016. Le déficit devrait atteindre 21,1 milliards de dollars canadiens (autant en dollars américains) pour l’année budgétaire 2012-13 qui commence le 1er avril, en baisse par rapport aux 26,4 milliards escomptés en novembre. »Il ne suffit pas de conserver l’avantage du Canada parmi les grandes économies avancées. Nous devons aussi permettre au Canada de concurrencer efficacement les grandes économies émergentes et dynamiques », a-t-il ajouté. Le Canada doit pouvoir se comparer aux économies les plus dynamiques d’Asie et d’Amérique latine, a-t-il précisé aux journalistes. Il faut assurer la viabilité à long terme de l’économie et des programmes sociaux, alors que la population vieillit rapidement, a-t-il souligné. Le déficit du gouvernement canadien fond beaucoup plus vite que prévu, selon le ministre, et sera ramené à 1,2% du PIB à la fin de l’année budgétaire 2012-2013, en raison notamment d’une diminution « modérée » des dépenses. Le budget contient de nouvelles dépenses parcimonieuses pour l’acquisition notamment de navires garde-côtes et la construction et la réfection d’écoles dans les collectivités autochtones mais est surtout marqué par le conservatisme fiscal du gouvernement majoritaire au pouvoir. La réduction des dépenses ministérielles atteindra près de 1,5 milliard en 2012-13, mais plus de 3 milliards l’année suivante et 5,1 milliards en 2014-15. Pratiquement aucun ministère ne sera épargné et des économies permanentes d’environ 5,2 milliards de dollars sont prévues à partir de 2016, soit près de 7% des 75 milliards de dépenses des ministères scrutés à la loupe depuis un an. Ces coupes sombres ont été aussitôt dénoncées par le chef de l’opposition officielle Thomas Mulcair, leader du Nouveau Parti Démocratique (NPD, gauche). Les réductions sont faites « à coups de hache, pas au bistouri », a-t-il dit, déplorant les coupes dans les transferts de fonds pour les services de santé dans les provinces – contraires, selon lui, à des promesses faites par le Premier ministre Stephen Harper – et dans les différents services à la population. Pour sabrer dans ses dépenses, Ottawa va aussi retirer de la circulation la pièce d’un cent, qui coûte plus cher à produire que sa valeur nominale et relever graduellement de 65 à 67 ans à partir de 2023 l’âge d’admissibilité aux retraites complémentaires, sans toutefois toucher au régime général. Même les députés et les sénateurs n’y échapperont pas: pour donner l’exemple, ils devront augmenter dès l’an prochain les cotisations qu’ils versent à leurs régimes de retraite.
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