Hollande : un bon discours mais deux grands oublis
Tout observateur non partisan reconnaîtra que Hollande a fait un bon discours de campagne électorale avec deux grands oublis . Un discours qui s’adressait bien sûr aux électeurs de gauche et aux indécis, un discours avec des marqueurs de gauche ; Un propos centré surtout sur les thèmes de l’égalité, de la justice et de la jeunesse. Pour l’économie, on reteindra surtout son attaque contre la toute puissance de la finance. Il a fait quelques propositions au demeurant trop vagues pour être jugées et qu’il détaillera dans quelques jours. Deux grands oublis cependant qui sont au cœur de la problématique de la crise française : le rôle de l’Etat et le pacte social. Si la France est dans un tel état financier, c’est sans doute du fait de l’omnipotence étatique qui plombe ses finances. Du fait d’investissements inutiles ou trop couteux, du fait d’un fonctionnement ruineux. La redéfinition du champ, des missions, des moyens d’intervention de la puissance publique est une voie de passage obligée pour restructurer durablement nos finances ; cela vaut aussi pour les collectivités locales qui à l’instar de l’Etat interviennent sur tout ; L’Etat est en charge des missions régaliennes n et pour ce qui concerne l’économie de sa régulation, de la définition des règles. L’Etat n’a pas à intervenir en permanence dans l’économie, il déresponsabilise les acteurs et les décourage. Pour la régulation, les règles doivent être simples, applicables, appliquées ; autant dire qu’il faut en diviser le volume par dix, au moins. Cette réduction drastique du champ et de la nature de l’Etat n’est pas contradictoire avec l’efficacité, la planification et un certain volontarisme dans des domaines stratégiques (exemples : recherche, outils de financement pour les PME, formation, santé, environnement, transport, énergie etc.) ° ; mais conduire une politique ne signifie pas pour autant intervenir directement ou à la place des acteurs. En France la confusion sémantique est totale autour du service public. Le service public est confondu avec l’entreprise publique voire avec la fonction publique ou assimilée. On ne peut pas exemple assurer un excellent service public dans le transport urbain avec des entreprises privées, ce qui est le plus souvent le cas. On pourrait multiplier les exemples. Réduite la taille de l’appareil étatique, la nature de son invention, en diminuer le coût est LA réforme à entreprendre notamment pour réduire la fiscalité qui plombe la compétitivité. Second oubli, le pacte social ou plus exactement la gestion des rapports entre les partenaires sociaux. Là encore l’Etat légifère, intervient, fixe les conditions de travail parfois les salaires etc. Du coup nos syndicats ne servent à rien et nous assistons à un affrontement permanent entre le patronat et les représentants des salariés (quand ce n’est pas l’affrontement, c’est l’indifférence, ce qui est pire encore). 6% de syndiqués en France, contre 30% en Allemagne où les représentants des travailleurs négocient sur tout avec les employeurs, les syndicats sont présents dans toutes les instances de décision et avec voix dé libératrice. En Allemagne, l’Etat s’interdit d’intervenir dans les relations socio économiques qui concernent les acteurs. Du coup les syndicats sont représentatifs, responsables et respectés. De toute évidence, les efforts qu’a fournis l’Allemagne depuis 7 ou 8 ans devront être effectués en France, c’est impératif pour redresser le pays. On ne pourra pas le faire en France avec la méthode des décrets qui évidemment raisonne de manière centralisée sans tenir compte de la situation concrète de chaque secteur, de chaque entreprise. Cette réforme de la gestion des relations entre les acteurs économiques est centrale pour moderniser le pays, le libérer en quelque sorte du carcan administratif qui tue la croissance et l’emploi. L’Allemagne n’est pas un modèle sur tout, loin sen faut mais en économie, oui. Sa politique natale notamment la conduira un jour dans le mur .Donc pour le discours d’Hollande, deux oublis importants et qui risquent de l’être encore car malheureusement la question de l’Etat est relativement taboue à gauche et la question des syndicats est ignorée à droite (témoin le fameux sommet social bâclé). Il faut espérer que les observateurs un peu indépendants sauront rappeler ces deux thèmes centraux pour l’avenir économique et social du pays.
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