Agence de notation : le projet de Barnier, commissaire européen retoqué !
On ne peut pas dire que les hauts fonctionnaires européens sont sans imagination et sans détermination; La preuve, c’est la troisième fois que le commissaire européen français Michel Barnier a tenté de s’attaquer aux agences de notation. Devant l’ineptie de cette proposition la commission vient d’abandonner la proposition de Barnier. L’incident de SP concernant le triple Ade la France lui a offert une nouvelle opportunité de ressortir son projet miracle pour régler (au moins en partie sans doute !) la question des pays endettés. Notre commissaire européen aux services financiers Michel Barnier, proposait en effet d’interdire aux agences de notation de publier leurs notes sur la solvabilité d’un Etat à un moment inopportun. La disposition centrale du projet de loi était de permettre aux pays de l’UE d’interdire ponctuellement la notation de leur dette souveraine, ce « dans des circonstances particulièrement exceptionnelles ». Les trois grandes agences de notation financière Moody’s, Standard and Poor’s et Fitch Ratings se voient reprochées par de nombreux responsables politiques de se méprendre complètement sur la situation de certains Etats et d’aggraver la crise de la zone euro en abaissant régulièrement leurs notes. La dégradation de la note de solvabilité d’un Etat a de lourdes conséquences pour celui-ci : les taux d’intérêt sur sa dette grimpent, ce qui complique son remboursement et peut conduire à un cercle vicieux avec de nouveaux abaissements de note. . On se demandait à quoi pouvait bien servir le seul commissaire européen d’origine française ; nous avons la réponse : à rien. D’abord, on ne saurait interdire une évaluation à une agence privée qui au demeurant n’a aucun pouvoir de décision mais seulement d’observation et d’information. Monsieur Barnier oublie qu’une part non négligeable des dettes européennes sont détenues par des étrangers ; pour la France, cela représente les deux tiers de notre endettement. Ces investisseurs, ont évidemment besoin d’éclairage sur les risques des produits auxquels ils ont souscrit. Comment empêcher un agence située Etats-Unis, à Tokyo ou en Chine, de diffuser une évaluation sur risques financer d’un pays ? De plus, interdire la notation des pays en difficultés serait comme ne plus évaluer les risques qui deviennent précisément plus réels quand l’endettement s’aggrave ; ne noter que les bons élèves n’a aucun sens pour l’observation des risques. Les agences de notation ne sont pas sans défaut notamment avec la possibilité de conflits d’intérêt lié au mode de rémunération, ceci étant elles sont déjà assez nombreuses (il en existe des dizaines en plus des 3 principales) pour que la concurrence limite l’abus de position Cette proposition ne sera pas certainement pas acceptée par certains Etats européens tellement elle est naïve et même contreproductive. Casser le thermomètre n’a jamais permis de guérir un malade. Si l’Europe et notamment la France souffre d’une carence, ce n’est pas d’un abus ou d’un excès d’observation mais plutôt d’une insuffisance d’information indépendante et pertinente. En France en particulier, la plupart des instituts d’analyse sont liés soit au pouvoir ou aux grands intérêts financiers et manquent cruellement d’indépendance. La plupart se contentent d’aligner leurs chiffres sur ceux du gouvernement avec cependant un léger écart pour en renforcer la crédibilité. Depuis l’été par exemple, la France est en situation de récession, combien d’instituts d’études l’admettent, sans doute le comprendront-il avec les chiffres officiels de l’INSEE. L’observation statistique et économique porte aussi une lourde responsabilité dans la politique des petits pas du gouvernement et le bricolage budgétaire. Elle encourage l’hypocrinie et la paresse de la gouvernance. On ferait sans doute mieux de rechercher une réponse plus rapide, plus consensuelle, plus structurelle aussi sur le plan européen pour faire face à la dette.
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