Dette, austérité, récession, déficits : le cercle vicieux européen

Dette, austérité, récession, déficits : le cercle vicieux européen 

La Grèce aura au moins offert un champ d’expérimentation et d’observation  sur ce qui attend l’Europe à savoir un enchainement infernal qui part de la dette, provoque l’austérité qui elle même génère la récession et de nouveaux déficits. En clair, on ne résout rien et on approfondit la crise financière, économique et sociale (même si la Grèce  a elle-même les premières responsabilités dans ce désastre). La découverte du concept d’effets systémiques constitue un pas en avant dans la connaissance du fonctionnement de l’organisation socio-économique de nos sociétés. Effets systémiques, crise systémique, banques systémiques etc. autant d’applications de ce  mot pour indiquer à quel point sont profondes  et complexes les interactions de la problématique économique. La conséquence, c’est que peu de pays ou de zones  sont à l’abri des difficultés constatés chez les voisins. Pour autant nos organisations et nos approches pour résoudre les problèmes demeurent locales et sectorielles. Ainsi, le dernier sommet européen n’a-t-il traité que de la manière de faire face à l’endettement de l’Europe et en particulier celui de la Grèce. Au G20, les pays non européens se sont surtout contentés d’un rôle de spectateur vis-à-vis de la crise européenne. Le mot d’ordre était  « on attend que l’Europe agisse avant de nous impliquer ». Témoin par exemple le refus de tous les pays non européens de s’engager dans le renforcement du FESF (il est vrai un peu flou). Caque pays  pense s’en sortir séparément alors que la crise est à dimension mondiale et que tous subiront les effets du tassement de la croissance. Même à l’intérieur de l’Europe, il ne saurait y avoir de paradis économique dans un enfer récessionniste. Même l’Allemagne va être durement touchée, elle le sera d’autant plus que son économie repose essentiellement sur des exportations vers des pays où la demande est en berne. D’ores et déjà, on peut constater les effets sur l’Allemagne, ce pays connaîtra sans doute une croissance supérieure à 2.5% en 2011, ce qui est un excellent résultat mais dès la fin 2011 ce sera la récession avec un recul de l’ordre de 0.5% du PIB. Pour la Chine, pays dont le modèle économique repose beaucoup sur les exportations, la croissance pourrait être divisée par deux en cas de d’écroulement de la croissance mondiale comme c’est probable en 2012. Le G20 s’est surtout préoccupé des déficits européens, pratiquement pas de la croissance (hormis une liste à la Prévert sur l’action de chaque pays). En réalité pour l’action politique, on ne sait pas articuler économie et finance (encore moins économie et environnement). De sorte que des mesures qui peuvent, à première vue, paraître saine sur le plan financier sont en fait catastrophiques pour la croissance et finalement pour l’emploi, les ressources fiscales et donc l’endettement. Autre exemple, la double exigence faite aux banques d’une part de respecter les critères de Bale 3 et suite au G20 de réaliser une augmentation supplémentaire des fonds propres pour les banques dites « systémiques » (toutes les banques française sur 29 !). Une bonne mesure apparente mais qui selon la manière dont elle sera opérée pourrait nous plonger dans une période de crédit Crunch qui pourrait tuer les trésoreries des entreprises notamment des PME, donc la croissance. L’articulation finances et économie n’est pas un exercice aisé, pas plus que l’articulation entre macro et micro économie mais nous sommes condamnés à cette obligation si nous ne voulons pas ajouter des contradictions à d’autres contradictions. En Europe si l’urgence est de sauver la Grèce, mais surtout l’Italie qui est autrement stratégique pour l’Euro, l’urgence est tout autant de relancer la croissance ; Or on ne voit pas de sommet européen programmé pour l’instant sur ce thème. Un sommet (faute de gouvernance permanente) aura lieu nécessairement courant 2012 quand la récession sera constatée, suivi sans doute d’un autre sommet, puis du autre car l’Europe agit toujours mal,  trop peu et trop tard au regard des enjeux. 

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