Pour l’Italie sou la pression des marchés, c’est le syndrome grec
Silvio Berlusconi n’en finit pas de promettre de mettre en œuvre les mesures d’austérité qui s’imposent. Il est clair qu’après le choc du référendum grec, la contagion va privilégier la cible italienne dont les taux d’intérêt commencent à frôler l’insupportable (près de 7% ). Il a une nouvelle fois dit à A. Merkel qu’il entendait faire le nécessaire . De leur côté, les organisations patronales italiennes ont lancé un appel au ton dramatique, appelant le gouvernement à « agir immédiatement », faute de quoi il « portera une responsabilité historique à l’égard des Italiens et de toute la communauté internationale ». « La situation sur les marchés financiers se précipite et notre pays se trouve au centre des turbulences internationales. Nous ne pouvons pas courir le risque de perdre en quelques semaines ce que nous avons construit en décennies de travail », ont lancé ces organisations. Le président de la République a appelé aussi le gouvernement « à agir d’urgence ». La montée des taux d’intérêt témoigne du fait que l’Italie est désormais dans le viseur des marchés. L’écart de taux (spread), qui mesure la prime de risque entre les taux italien et allemand a atteint un nouveau record à 455 points de base, soit son plus haut niveau jamais atteint depuis la création de la zone euro. Pour tenter de répondre aux inquiétudes Berlusconi a promis de présenter les mesures et les calendriers lors du G 20. »Les taux d’intérêt montent au ciel, les Bourses tombent en enfer », résumait le site d’information financière italien firstonline.info, qui qualifiait de « catastrophe » la décision du Premier ministre grec Georges Papandréou d’organiser un référendum. Avant le sommet européen, sans doute vexé par la mise en accusation de l’Italie, le président du Conseil italien Silvio Berlusconi avait déjà convoqué en urgence son gouvernement pour tenter de convaincre ses partenaires de coalition de soutenir une série de réformes économiques réclamées par l’Union européenne. Au-delà de la vexation, il y a surtout depuis quelques jours les attaques amplifiées sur la dette italienne qui pourrait rapidement devenir, après la Grèce, la prochaine épine dans le pied de l’Europe. Berlusconi a donc proposé une réforme du système des retraites à laquelle s’oppose fermement son principal allié de la Ligue du Nord. La question des retraites est centrale et jusque là du fait des contradictions au sein de la coalition, ce sujet était tabou. « Je compte profiter de la situation pour voir si nous pouvons adopter des mesures auxquelles j’ai toujours songé mais que je n’ai pas pu mettre en œuvre en raison de divergences au sein de la majorité, par exemple sur les retraites.. La question d’une réforme des retraites était un point de friction avec la Ligue du Nord, alliée indispensable du Peuple de la liberté (PDL) de Silvio Berlusconi. En fait, malgré une situation jugée « très périlleuse » par le chef de la Ligue, Umberto Bossi, une « issue » a été trouvée sur les retraites . Angelo Alfano, leader du parti berlusconien, le Peuple de la Liberté, a parlé d’un « point d’équilibre (qui) apporta à l’Europe les réponses souhaitées ». Cela a permis à Silvio Berlusconi de transmettre à ses partenaires européens, dans la foulée, un « document programmatique » fixant des objectifs de réformes et un calendrier, sans être sûr de pouvoir se maintenir encore longtemps à la tête de l’exécutif. Berlusconi a estimé n’être pas responsable de la crise qu’il impute aux banques ; pourtant c’est bien l’Etat italien qui se met dans les mains des banques (surtout des banques italiennes). La dette italienne d’au moins 1800 milliards (avec une croissance complètement atone) inquiète à juste titre. Les marchés l’ont bien compris en rendant plus cher les conditions de financement des obligations italiennes. Au-delà des retraites, l’Italie devra aussi s’attaquer à la reforme du marché du travail, à la fiscalité et aux privatisations. Bref c’est le syndrome grec. En attendant, l’Italie s’est mise « volontairement » sous surveillance du FMI; en fait ce sont surtout les marchés qui vont exercer cette surveillance. Ensuite, les marchés obtiendront auusi, comme en Grèce, le départ du chef du gouvernement. Pas de quoi nous réjouir en France car notre situation n’est pas meilleure. Elle est même pire d’un certain coté puisque contrairement à l’Italie notre déficit primaire est déficitaire. Si l’Italie devait devenir la prochaine cible des marchés, la suivante serait à coup sûr la France.
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