Angela Merkel prévoit 10 ans d’austérité pour l’Europe

Angela Merkel prévoit 10 ans d’austérité pour l’Europe 

 

Dans son podcast hebdomadaire, Angela Merkel  n’est guère optimiste pour l’avenir de l’Europe ; pour elle, la crise va durer une dizaine d’années. L’amélioration ne pourra intervenir qu’au terme de ce délai ; Voilà un langage qui a le mérite d’être clair et lucide en même temps. Cela change des lendemains qui chantent promis par les gouvernants actuel ou futurs notamment en France. L’Allemagne agace souvent par ss exigences, sa rigueur mais force est de constater qu’elle préfère la vérité à l’utopie suicidaire, celle qui consiste à pratiquer la fuite en avant notamment dans le domaine de la dépense publique et l’endettement. Il faut parfois convenir que les déclarations allemandes manquent parois de pédagogie ou de souplesse, elles ont au moins le mérité d’être sans ambigüité et surtout pertinentes sur le fond. Certes on risque de reprocher à A. Merkel cette déclaration alors que l’Europe ne parvient pas à rendre crédible son accord sur la dette, que la spéculation vise maintient clairement l’Italie et même la France dont les taux d’intérêt se détachent de ceux de l’Allemagne. Bref, les marchés qui aiment surtout les bonnes nouvelles ne sont pas brossés dans le sens du poil. Pourtant A. Merkel part d’une évidence incontournable en considérant toute l’Europe avait trop dépensé ces dernières années  « Presque tous les pays d’Europe ont dépensé toutes ces années plus qu’ils ne gagnaient », a-t-elle déclaré. Par sûr que cette déclaration renforce uen popularité discutée d’A. Merkel en Allemagne. Mais les dirigeants allemands privilégient souvent l’intérêt de leur pays avant leur destin personnel. L’histoire reteindra sans doute, d’ici quelques années que la crise qui se prépare doit beaucoup à l’incompétence et à l’irresponsabilité des autorités politiques de la plupart des pays développés. Les citoyens ne sont sans doute pas  innocents car ils ont toujours préféré élire ceux qui promettent des lendemains enchanteurs.  A cet égard, il faut bien constater une incertaine cohérence  entre le profil des dirigeants et la mentalité des peuples. Promettre des larmes et du sang n’a jamais été très vendeur. Pourtant, la crise qui se prépare sera vraisemblablement aussi  dramatique que celle de 1929. En effet pour les Etats- Unis comme pour la France, il avait fallu qu’une dizaine d’année pour retrouver le niveau d’activités économiques de 1929. C’est au moins le temps qu’il faudra pour surmonter la présente crise. Il suffit pour s’en persuader d’examiner quelques chiffres en France. Ici, nous nous en tiendrons à des ordres de grandeur afin de ne pas nous perdre dans les détails qui font oublier l’essentiel. Cela ne saura satisfaire l’esthétisme des experts qui attache souvent pus d’importance au quatrième chiffre après la virgule qu’aux sommes en jeu. Pour s’en tenir seulement à la France, la dette actuelle est grossièrement de l’ordre de 2000 milliards (on peut ergoter sur ce montant  du fait d’approche comptables différentes, exemple en intégrant ou non l’endettement hors bilan) soit  à peu près l’équivalent du PIB en 2011. Autrement dit, le taux d’endettement par rapport au PIB atteint 100%. Si rien ne devait changer et à condition que l’équilibre budgétaire soit réalisé dès 2012, cette dette atteindrait 4000 milliards dans 20 ans en supposant un taux d’intérêt moyen de 3% (taux actuel préférentiel avec la note Aaa). En moyenne annuelle pour apurer complètement cette dette, il faudrait donc rembourser 200 milliards par an. Soit pendant 20 ans un prélèvement supplémentaire de 10% du PIB. Or il faut rappeler que nos prélèvements obligatoires sont déjà de l‘ordre de 50% (là aussi on peut ergoter sur le taux). La compétitivité française déjà plombée par la fiscalité n’y résisterait pas et la croissance en serait gravement affectée. On objectera justement que ces hypothèses chiffrées ne tiennent pas compte de la croissance future donc des ressources fiscales à venir. Or depuis plusieurs dizaines d’années, ce taux de croissance tourne autour de 2% par an en moyenne. On ne voit pas pourquoi, brusquement ce taux évoluerait à la hausse compte tenu de l’émergence des nouveaux pôles économiques mondiaux. On peut même craindre une baisse pour n’atteindre que 1% en moyenne, ce qui ne serait déjà pas un mauvais résultat. Il faut en effet prendre en compte que nous allons connaître une période forte récession donc une croissance négative pendant plusieurs années. Il s’agira des conséquences de la crise obligataire, de la hausse des taux d’intérêt, du ralentissement des échanges mondiaux, de la baisse de la consommation intérieure et du chômage. 5 à 10 ans seront nécessaires pour nous redresser, c’est ce que vient d’indiquer A. Merkel car la plupart des grands pays en Europe sont dans une situation comparable à la France ; mais il faudra encore une dizaine d’années pour retrouver une croissance satisfaisante. En moyenne donc une croissance de 1% serait donc déjà un résultat acceptable. Evidemment les hypothèses de remboursement de la dette doivent, parallèlement aux scénarios de croissance et de rentrées fiscales, tenir compte de l’évolution des dépenses. Il faudra de toute manière en réaliser de gré ou de force. Elles devront être au moins supérieures à 200 milliards par an d’une part pour rembourser la dette d’autre part pour équilibrer le budget. En gros, le déficit budgétaire sera d’environ 10% en 2012. Il faudra donc ponctionner 200 milliards pour le remboursement de la dette et 100 milliards pour équilibrer le budget toutes choses égales par ailleurs. C’est donc 15% qu’il faut ponctionner en plus sur la richesse nationale. Maintenant rien ne dit que les taux d’intérêt resteront en moyenne à 3% (à noter que Standard and Poor’s prévoit si la situation ne change une notation de  AA en 2020, d’un A en 2025, d’un BBB en 2030 et d’un pays noté en catégorie spéculative avant 2040 ; une situation à la grecque). Pour vérifier le raisonnement, il suffit de lire le dernier rapport de la cour des comptes qui résume la situation ainsi  « La France a des ressources fiscales pour assumer 10 mois par an de dépenses, le reste, elle  l’emprunte ! » C’est donc bien environ 15% de ressources supplémentaires qu’il faut trouver d’une manière ou d’une autre (et sans doute pas par combinaison de toutes). Si le taux d’intérêt  devait passer à 6%, il faudrait ponctionner 30% supplémentaires sur la richesse nationale. Donc au total presque 80% ! La situation est donc beaucoup plus grave qu’en 1929 pour la France (mais pour beaucoup de pays qui ont des situations comparables y compris les Etats-Unis). Dès lors, on se demande qui aura la lucidité et le courage pour engager le redressement nécessaire car les efforts à demander seront bien incompatibles avec les promesses électorales indispensables pour se faire élire. On peut effectivement imaginer que les autorités politiques n’auront ni la capacité, ni la volonté de gérer une telle situation et que finalement ce sont les marchés qui vont réguler nos dettes. De quelle manière ? Vraisemblablement par l’inflation et la dévaluation. Pour simplifier à l’extrême et ne pas se perdre dans les dans les calculs scientistes, c’est 15 à 20 % qu’il prendre dans la poche des contribuables et/ou des consommateurs et cela pendant une vingtaine d’années et à condition de ne plus laisse le budget dériver. L’effort à demander sur 20 ans sera sans doute excessif, il faudra donc étaler le rééquilibrage sur 30 ou 40 ans. Rien de surprenant puisque nous avons laissé dériver nos grands équilibres depuis une quarantaine d’années, il en faudra autant pour remonter le courant. On est loin de propos rassurants des « autorités européennes » qui ne voient dans la crise actuelle qu’un « fébrilité temporaire des marchés ». Pour permettre le rétablissement durable des grands équilibres, il faut aussi une nouvelle régulation économique et financière d’abord en Europe puis au plan mondial. Bref, une véritable Europe,  un véritable G20. C’est-à-dire concilier l’efficacité du marché avec des règles équitables en matière économique, fiscale, sociale et environnementale. D’immenses chantiers, la question est de savoir si nous trouverons les chefs de chantiers compétents et courageux pour ces travaux. Il y en a en Allemagne, A. Merkel le prouve en encore. Il y a en sans doute en France, la question est de savoir su les électeurs souhaitent de tels profils ! 

0 Réponses à “Angela Merkel prévoit 10 ans d’austérité pour l’Europe”


  • Aucun commentaire

Laisser un Commentaire




L'actu écologique |
bessay |
Mr. Sandro's Blog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | astucesquotidiennes
| MIEUX-ETRE
| louis crusol