Sommet européen : l’Allemagne veut mettre en tutelle les pays endettés
De manière très schématique, on peut considérer qu’il y a actuellement deux camps qui s’affrontent au sein de l’Europe, ceux qui veulent des interventions financières de la BCE, sur la dette et les recapitalisations des banques, qui souhaitent aussi la création d’euro-obligations et un FESF très élargi. De l’autre, les pays du nord qui ne veulent pas de solidarité sans contrainte. , Le chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle a bien illustré ce clivage en proposant samedi de traduire devant la Cour de justice européenne les pays trop laxistes sur le plan budgétaire dans la zone euro en changeant le traité de l’UE, une idée loin de faire l’unanimité. »Cela ne suffit plus que nous nous contentions de gérer la crise actuelle » de la dette, « nous devons aussi nous assurer que ce que nous avons vécu ces derniers mois ne se reproduise pas sans arrêt », a-t-il déclaré à la presse à Bruxelles à propos du débat en cours sur la réforme de la gouvernance de l’Union monétaire. « C’est la raison pour laquelle à mon avis il est absolument nécessaire de réaliser un changement du traité » de l’Union monétaire pour durcir la discipline budgétaire commune, a-t-il ajouté, en marge d’une réunion ministérielle préparatoire au sommet européen sur la crise de la dette de dimanche. « Il est essentiel qu’on ait des changements de traité, que le Pacte de stabilité soit rendu efficace, qu’il y ait des sanctions contre ceux qui ne sont pas rigoureux, qu’aussi peut-être la Cour de justice européenne soit dotée d’un rôle » dans la surveillance budgétaire « pour pouvoir être saisie lorsque les règles sont violées de manière prolongée », a estimé M. Westerwelle. M. Westerwelle a appelé dans la même veine à ce que les pays trop laxistes soient placés sous tutelle budgétaire à l’avenir. « Les pays qui demandent ou doivent être placés de manière prolongée sous la protection du Fonds de secours de la zone euro doivent aussi être prêts à renoncer à certains pans de leur souveraineté, notamment à ce que l’on puisse intervenir dans leurs budgets nationaux », a jugé le ministre libéral des Affaires étrangères. On touche là le cœur du problème à savoir les conditions de l’intégration économique. Les pays du sud sollicite l’aide européenne mais sans condition, les pays du nord veulent imposer des contraintes et jusqu’à la mise en tutelle. C’est autour de cet abandon de souveraineté nationale que vont se cristalliser les oppositions. Même la France sur ce sujet ne pourra admettre cette avancée européenne, cela essentiellement pour des motifs de politique intérieure (notamment en période électorale). Il faut aussi tenir compte des contextes électoraux locaux. Dans la plupart des pays, les dirigeants en place, du fait notamment de la crise sont très impopulaires ; Ils ne se voient pas engager un nouveau processus de vote sur une modification du traité européen. La modification du traité n’est pas pour demain, comme les euro-obligations. Jamais l’Allemagne et les autres pays du nord n’accepteront la solidarité européenne pour mutualiser les dettes sans contrepartie, c’est-à-dire, le contrôle, les sanctions et jusqu’à la mise en tutelle des Etats irresponsables et laxistes. Cela vaut pour la Grèce comme pour les autres et dans le discours allemand on vise l’Italie, la prochaine cible des marchés, mais aussi l’Espagne et la France ; la France dont le poids politique au sein de l’Europe s’est très affaibli avec la dégradation de son endettement et la menace de la perte du triple A.
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