Fitch n’exclut plus le scénario catastrophe
L’agence de notation Fitch a déjà révisé les perspectives de la croissance américaine: +1,8% en 2011 au lieu de 2,6% initialement attendu et +2,3% en 2012au lieu de 2,8%. Fitch imagine maintenant un scénario plus noir. La croissance américaine y est revue à 1% en 2011, suivie par un repli du produit intérieur brut (PIB) du pays de 0,6% en 2012 et une reprise limitée à 1,5% l’année suivante. L’agence n’écarte pas un ralentissement plus prononcé qu’attendu de la première économie mondiale, suivi par son retour en récession. « Compte tenu du début de retranchement du consommateur (américain), dans un contexte où les marchés du travail et de l’immobilier sont faibles, les inquiétudes des marchés financiers sur la probabilité d’un retour en récession des Etats-Unis ont augmenté », explique Maria Malas-Mroueh, de Fitch à Londres. L’onde de choc concernerait toute les régions du monde même si la zone euro paraît apparemment moins affectée avec uen croissance molle à 1,7% en 2011, avant de ralentir à +1,4% en 2012, puis de passer à +1,8% au cours des deux années suivantes. Par rapport aux projections actuelles de Fitch, cela équivaudrait à une perte de PIB cumulée de 0,7 point de pourcentage sur 2012 et 2013. L’agence estime que la zone euro serait protégée par sa faible dépendance aux exportations vers les Etats-Unis qui n’ont respectivement pesé que 1,5% et 2,5% dans les PIB français et allemand en 2010. Par ailleurs, l’Europe profiterait d’un repli du prix du baril de brut. Au plan mondial, la croissance mondiale serait au total amoindrie de 2,1 points de pourcentage sur trois ans pour être ramenée à +2,7% en 2013 contre une projection initiale de 3,4%. Les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) enregistraient une chute de 2,2 points de pourcentage de croissance sur la même période. Fitch ne mesure ici que les effets mécaniques d’une dépression aux Etats-Unis mais ne calcule pas les effets systémiques, c’est à dire l’influence des dépressions des autres zones sur les Etas Unis et les effets en retour. Malgré l’intérêt de l’étude de ces scénarios fort possibles aux Etas Unis, on en mesure aussi les limites. Témoins ces temps derniers l’explication de la dépression américaine du fait de la dette européenne et inversement la justification du tassement européen par la perte de la note AAA aux Etas Unis et les atermoiements sur le plafond de la dette. En quelque sorte, les deux zones s’accusent mutuellement d’être à l’origine de la crise. La réalité est plus complexe l’interdépendance des économies et des marchés alimente la tendance baissière généralisée. De ce point de vue, les Etats-Unis sont aussi responsables que l’Europe du dévissage de la croissance. Il aurait surtout fallu ajouter un élément fondamental que Fitch ne prend pas en compte parce que sans doute plus complexe, à savoir la perte de confiance des consommateurs et des investisseurs. De moins bons résultats économiques laissent présager de moins bons résultats financiers dans les entreprises- voire des résultats financiers négatifs- pour certaines valeurs financières, l’aversion au risque se trouve renforcée et pèse sur les marchés boursiers et obligataires. Pour le consommateur, la perspective d’un ralentissement économique, voire d’uen récession, annonce davantage de chômage et moins de revenus qui eux influencent la réduction de la consommation et donc de la croissance. Bref une spirale infernale qu’on commence imaginer avec une perspective de redressement pas avant 2015.
0 Réponses à “Fitch n’exclut plus le scénario catastrophe”